Titre original: Patrick Pépin
Inspiration monde
Ces trois dernières années, Patrick Pépin a dû se résoudre à la sédentarité, lui qui avait pourtant fait du voyage son mode de vie. La raison : le Musée d’art contemporain de Baie-Saint-Paul lui consacre une exposition, qui débutera le 23 novembre.
Baptisé Sans limites, l’événement réunira un corpus d’oeuvres gigantesques tirées de sa collection Cartes à jouer. « Retrouver ses oeuvres au Musée avant sa mort, à côté de celles d’un Picasso ou d’un Warhol, c’est extraordinaire ! C’est aussi une grande reconnaissance de ses pairs, et ça, c’est une grande fierté ! »
Sa vie d’avant était ponctuée de voyages de près de trois mois à l’étranger, suivis de périodes de six mois où il se posait en atelier, le temps de réaliser la collection qui allait émerger de cette immersion. Puis, il repartait à nouveau pour des contrées lointaines, à la recherche de nouvelles idées de création. C’est ainsi que sont nées ses nombreuses collections.
Celle inspirée de l’Inde évoque, par une accumulation de touches intenses juxtaposées reproduisant les couleurs pures des vêtements traditionnels, l’effervescence de ces villes surpeuplées. Une autre collection réveille des souvenirs d’un voyage en Afrique du Nord. Le blanc s’impose et le calme revient, ce sentiment qui nous envahit devant l’infini du désert. À Barcelone, il occupera même un atelier, histoire de se plonger dans l’ambiance de cette merveille d’architecture et de savourer le génie de Gaudi et de son chef-d’oeuvre parmi tant d’autres : la Sagrada Familia.
Plus d’une trentaine de pays plus tard, ce travailleur acharné compte de nombreuses oeuvres importantes prisées des collectionneurs. Au Metro Toronto Convention Center, on peut admirer en permanence l’une de ses oeuvres monumentales. Pourtant, rien dans l’enfance de Patrick n’aurait pu laisser présager un avenir aussi riche de découvertes et de succès internationaux. L’artiste a vu le jour à Lac-Mégantic d’un père qui partait bûcher dans le bois durant les longs mois d’hiver. À l’époque où les divorces n’étaient pas fréquents, il a grandi auprès d’une mère à la santé fragile, devenue monoparentale. Conscient de la pauvreté qui l’entourait, il fut un enfant souvent en proie à l’inquiétude.
Patrick, si vous pouviez parler au jeune garçon que vous avez été, que lui diriez-vous ? « Tu es chanceux et tu ne le sais pas; ne t’inquiète pas, mon p’tit gars… » Il éclate de rire à la pensée de toutes ces années durant lesquelles sa passion et le travail qu’il aime ont pu financer son mode de vie nomade, sa liberté, ses tours du monde.
Au premier regard, certaines collections de Pépin rappellent les chefsd’oeuvre de Riopelle, d’autres l’action painting de Pollock, mais il ajoute à ces influences évidentes un peintre français important du mouvement art brut, Augustin Lesage. En constante évolution, toujours en mode recherche, il intègre avec Cartes à jouer des parcelles de photographies de ses tableaux, dans ses tableaux. En d’autres termes, il photographie ses oeuvres, les imprime, les découpe puis les réintègre à la toile, dans un fouillis à la fois éclaté et étudié.
galeriebeauchamp.com
whistlerart.com
Patrick Pépin – e-mag
Au Canada, Patrick Pépin est représenté par La Galerie d’art Beauchamp et par The Whistler Village Art Gallery, en Colombie-Britannique.