Nommée présidente et chef de la direction du Groupe BMTC en 2018, Marie-Berthe Des Groseillers possède une énergie communicative quasi contagieuse qui la sert dans tous les aspects de sa vie. Femme de tête, de coeur et d’esprit, douée à la fois pour les affaires et pour le bonheur, elle dirige la société publique fondée le 5 septembre 1989 par son père, Yves Des Groseillers. L’entreprise est de taille et regroupe aujourd’hui les bannières Brault & Martineau, Tanguay et EconoMax (l’un des plus grands réseaux de vente au détail de meubles et d’électroménagers au Québec) ainsi que, depuis le 31 janvier 2022, la société en commandite Le Corbusier-Concorde S.E.C. dont les terrains à Laval serviront prochainement pour la construction de tours résidentielles. « Mon père a dirigé le groupe jusqu’à ce que je le remplace. Il est toujours présent à titre de président du conseil d’administration », explique-t-elle, admirative, tout en mentionnant que la transition père-fille à la direction s’est faite tranquillement et par osmose. « Je travaillais déjà pour le Groupe depuis 2005. Je me suis d’abord occupée de la Fondation du CHUM et, en 2014, j’ai été nommée chef des opérations du Groupe BMTC, un rôle qui a servi de tremplin à la présidence quatre ans plus tard. Le transfert générationnel amène son lot de défis, et nous en avons eus. Mais papa et moi n’avons pas voulu sauter d’étapes. Nous nous sommes préparés plusieurs années à l’avance et avons établi un plan de relève. » C’est durant cette période que son père a identifié à la fois ses compétences et travaillé à mettre en valeur ses forces autant qu’à pallier ses faiblesses. « Il m’a toujours dit que j’allais frapper un mur, qu’il fallait que je me relève et que je bâtisse avec ce que j’avais appris. »


Maintenir la communication, appuyer les décisions, soutenir sans encombrer ni nuire, rester à l’écoute des attentes, des préoccupations et des motivations, respecter l’autre… Marie-Berthe a eu droit à un mentor hors du commun qui lui a permis d’apprendre des expériences passées pour mieux affronter les défis d’aujourd’hui. « Le commerce de détail tel que mon père l’a connu et celui d’aujourd’hui ne sont pas les mêmes », explique-t-elle. Le commerce de détail en ligne qui a fait un bond de 15 ans durant la pandémie, la diversification culturelle, les conditions climatiques, la mondialisation et peut-être aussi les nouvelles attentes des consommateurs sont des facteurs auxquels Marie-Berthe Des Groseillers doit maintenant faire face. Elle peut compter sur ses années d’expérience, sur la fougue de sa jeunesse, mais aussi sur la qualité de son écoute et son intuition toute féminine pour diriger l’entreprise toujours en croissance. « Dans le monde d’aujourd’hui, je pense que les femmes sont mieux outillées pour réussir, qu’elles ont un bagage naturel qui leur facilite la tâche », soutient-elle. Son parcours depuis son entrée en fonction lui donne raison.
Les tâches se bousculent dans l’agenda de Marie-Berthe Des Groseillers, qui considère la capacité de décrocher comme un art. Lorsqu’elle a accédé à la direction, son père lui a appris à faire la part des choses et à laisser au bureau le stress et les tracas. Dès qu’elle rentre à la maison, elle n’oublie pas de relaxer, même s’il est parfois difficile de séparer business et vie privée. « Honnêtement, j’ai deux portes de sortie qui m’aident à décrocher complètement. » La première échappatoire est ludique et accessible à tous; un privilège. « J’ai un conjoint et je n’ai pas d’enfants, mais je suis une tante et quand je joue avec mon neveu et ma nièce, Alexandre et Mia, je redeviens une enfant, leur égale. J’oublie tout. » La deuxième porte de sortie est intimement lié à l’amour que Marie-Berthe porte aux animaux, tout particulièrement aux chevaux.


« Dès mon plus jeune âge, j’ai toujours eu une connexion avec les animaux. À cinq ans, la première chose que j’ai demandée à mes parents, c’est un chien », raconte-t-elle. Un premier contact avec un poney dans un camp d’été a été un véritable déclencheur, soulevant une passion pour les chevaux qui l’habite toujours. Bien qu’elle ait abandonné les sports équestres pendant quelques années, elle est remontée en selle après l’université pour ne plus jamais arrêter. Son cheval, c’est Gotham, Alfred pour les intimes, un Warmblood couleur bai. Tous deux participent à des concours de saut d’obstacles aussi bien au Québec qu’en Ontario et aux États-Unis. « La nature du sport et le fait de monter une bête de 1300 livres font en sorte qu’il est impossible de penser à autre chose. » Marie-Berthe Des Groseillers compare le contact avec le cheval à une valse, une danse où le cavalier et sa monture mènent tour à tour le jeu. « Un entraîneur m’a déjà dit que le travail du cavalier et de sa monture ressemble à une chorégraphie, et c’est vrai. Il y a un transfert de pouvoir. Il faut être totalement concentré et à l’écoute. Pendant 20 ou 30 minutes, je ne pense qu’à moi et à Alfred. Un cheval est un être vivant et contrairement à une raquette de tennis, il faut établir un lien pour former une équipe. Est-ce que son sport l’aide à mieux performer au travail? « Être un cavalier demande certaines aptitudes, qu’il s’agisse de la patience, de la persévérance, de l’humilité, du fait de prendre son temps, de ne pas sauter des étapes, de faire preuve de compassion pour sa monture, de compréhension. Et puis, il y a l’adrénaline, le désir de gagner. Oui, toute cette énergie ressemble énormément à ce qui est demandé au travail », mentionne-t-elle. Belle leçon pour un sport qui permet aussi d’avoir un complice qui nous remet toujours en selle.
Photo de couverture : Marie-Berthe Des Groseillers et son cheval Alfred, de parfaits complices.
Photo Mireille Caza