François Rozon, propulseur de talents

C’est l’histoire d’un gars – comme aurait dit Gilles Latulippe – qui possédait un don pour dénicher les futures vedettes de l’humour. Un homme qui s’est employé à travailler dans l’ombre pour mettre en lumière le talent des autres.

François Rozon, président et chef de la direction du groupe Encore, déclare sans ambages qu’il n’avait pas de plan de carrière après avoir complété son baccalauréat en administration, voilà près de 30 ans, et qu’il n’en a toujours pas ! Il est pourtant à la tête d’une entreprise gérant plusieurs artistes – comme Mario Jean et Martin Matte – et produisant entre autres les spectacles de Mike Ward et de Claudine Mercier, ainsi que des séries à succès dont Caméra café et Les beaux malaises. Son premier job, alors qu’il est fraîchement diplômé de l’UQAM, c’est son frère Gilbert qui lui propose. Il devient directeur des communications du Festival Juste pour rire en 1985. Puis, l’opportunité de faire de la gérance d’artistes se présente. C’est une révélation. « J’ai eu le coup de foudre pour l’aspect marketing : comment mettre des humoristes en valeur, comment les faire connaître.» À 24 ans, il est chargé de promouvoir le travail de Michel Courtemanche et de Daniel Lemire. Avec le recul, François Rozon avoue qu’il était un peu naïf, mais le succès est au rendez-vous, même à l’international.

Après une douzaine d’années, il décide de prendre un beau risque en démarrant sa propre entreprise – François Rozon Management – en s’associant avec le producteur Richard Bleau, ce qu’il qualifie de « mariage heureux ». D’ailleurs, François Rozon n’aura de cesse durant notre entretien d’insister sur sa chance d’être bien entouré, de bénéficier d’une équipe de talents, tant ses collaborateurs directs que les artistes qu’il produit. Quand on lui demande quel est le secret de sa réussite, il mentionne le fait d’avoir su s’entourer de gens doués qui ont « un bon coeur et qui sont intellectuellement honnêtes. »

Voilà qui explique une croissance naturelle, mais contrôlée de son entreprise. « Je ne sais pas combien d’employés j’aurai dans une dizaine années; je ne fonctionne pas comme ça. Je ne suis pas à la tête d’une multinationale, mais ça me convient. J’ai créé quelque chose d’artisanal, de familial dans l’esprit, qui marche bien. » Le modèle de type mégastructure, très peu pour lui ! Il aime intervenir dans toutes les sphères et pourrait difficilement lâcher prise. Son seul défi serait de trouver un mode de gestion encore plus humain, une nouvelle forme de management. Il insiste sur le fait qu’un dirigeant qui a du succès est celui qui a su bien s’entourer. Il ajoute du même souffle être rebuté par la solitude de l’entrepreneur. Il parle de partage, de projets communs et de travail d’équipe. Il ponctuera régulièrement l’entrevue d’anecdotes mettant en valeur un de ses artistes, un ou une collègue. Comme la fois où Antoine Bertrand l’a convaincu de ne pas abandonner le projet de remake du film français Intouchables. « J’étais sur le point d’abdiquer et il m’a redonné l’énergie nécessaire pour continuer. Tout s’est remis en place naturellement. »

Si François Rozon a bâti une partie de sa carrière sur l’humour, il ne souhaitait pas se confiner dans ce domaine. Personne ne luiimposant de limites, il a décidé de passer de la production de spectacles à la production télévisuelle, même si le passage a été laborieux, se souvient-il. Enfant, il n’aimait pas vraiment l’école mais affectionnait les cours d’histoire. Cette passion lui est restée et lui a donné envie de produire un nouvelle version des Belles Histoires des pays d’en haut. C’est un des nombreux projets qu’il a en tête, sans compter ceux, presque complétés, qui aboutiront au petit écran, ce qui lui vaut d’admettre en riant qu’il lui faudrait plusieurs vies pour tout faire.

S’il ne doute pas de la pertinence de son travail, de sa nécessité pour mettre des artistes et des projets de l’avant, il avoue avoir douté de la pertinence de cette entrevue. Parler de lui n’est clairement pas sa tasse de thé. Il se montre par contre intarissable dès lors qu’il s’agit de personnes ou de causes qui lui tiennent à coeur, comme la sensibilisation auprès des jeunes pour une conduite automobile responsable et la création de Cool Taxi. En effet, sa fille est en attente d’une greffe de l’intestin après avoir subi un grave accident de la route. L’École nationale de l’humour a aussi bénéficié de l’expérience de l’homme d’affaires qui, en trois ans, aura renfloué les coffres de cet établissement alors déficitaire. Homme intuitif laissant aux autres leurs certitudes, il avoue douter régulièrement. La veille, un réalisateur qui le rencontrait pour la première fois lui a dit qu’il était « un producteur poète ». Une jolie formule pour décrire un businessman qui, à n’en point douter, a le goût des autres.

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François Rozon, propulseur de talents

 

Par: Sylvie Michelon
Photo: Yves Lefebvre

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