Leonard Gorski est au diapason des moindres mouvements du monde et sait interpréter aussi bien les teintes mode que les saveurs d’un plat. « Lorsque je conçois ou crée, je m’appuie sur l’amalgame de tout ce que je vois. Je suis influencé par les formes et le jeu des couleurs dans des domaines aussi variés que l’architecture, l’aménagement intérieur, l’art, la langue et la culture. Nous sommes tous le produit de ce qui nous entoure et nous imprègne, alors j’ai souvent l’impression d’être une éponge. Tout ce que je vois et expérimente se manifeste dans ce que je partage et crée. » Pour cet homme furieusement créatif et curieux, Gorski, l’entreprise de vêtements d’extérieur et d’accessoires haut de gamme qu’il a fondée en 1984 avec Karin, sa femme, sert merveilleusement d’exutoire.


Les collections réimaginées chaque année par la maison Gorski et leur évolution permanente ont permis à l’entreprise familiale montréalaise, toujours à l’affût des grandes tendances sans pourtant céder aux modes, de se démarquer sur le marché américain du luxe et d’y créer sa propre niche. « Nous avons établi des partenariats stratégiques avec les plus grands groupes à l’international dont Neiman Marcus, Bergdorf Goodman et Saks Fifth Avenue. Nous sommes présents et très suivis sur leurs plateformes en ligne. Les principaux partenaires fournisseurs de Gorski comprennent des collaborateurs renommés d’Amérique du Nord et d’Europe. Nous sommes probablement la seule marque canadienne à exploiter chez Neiman Marcus plus de 30 espaces boutiques shops-in-shops. » La reconnaissance de la signature Gorski repose aussi sur l’approche durable qui caractérise cette maison, et ce, depuis ses débuts. « La durabilité a toujours été à l’avant-plan de ce que nous faisons. Nous privilégions les matériaux naturels et biodégradables, et nous respectons notre chaîne d’approvisionnement en nous associant à des créateurs et des contributeurs qui partagent les mêmes idées. Nous avons même au New Jersey un établissement qui remodèle nos vêtements pour qu’ils puissent être réutilisés. Nous ne sommes pas dans la mode éphémère; nos créations sont là pour durer tout en étant ludiques », précise Leonard Gorski.
Même si la maison est surtout reconnue aux États-Unis, ses racines sont bien montréalaises. « J’ai une passion pour Montréal, pour son cachet, sa beauté et son multiculturalisme. Les gens sont élégants. C’est une ville unique qui m’inspire. Notre siège social et notre centre de création ont toujours été ici. Montréal est la capitale de la mode au Canada et le troisième centre de la mode en Amérique du Nord après New York et Los Angeles », affirme le président, qui vient tout juste d’ouvrir sa boutique phare sur l’avenue Greene. Très actif au sein de la Fédération canadienne du vêtement et Vêtement Québec, il multiplie les coups d’éclat afin de faire rayonner la ville, allant même jusqu’à ajouter Montréal à son logo.
« Le monde et la mode sont un reflet de la culture et bougent plus rapidement que jamais », mentionne Leonard Gorski, qui a su préparer sa relève à affronter ce tourbillon incessant. « J’ai une jeune équipe de professionnels qui pilote la transition et la croissance de l’entreprise. Ma fille, Lauren Gorski, est la vice-présidente responsable du marchandisage et du marketing, et Bryan, son frère, est le vice-président responsable du développement commercial. » Ce changement de garde permet à Leonard Gorski de partager ses journées et ses soirées entre le travail, les oeuvres communautaires et caritatives au profit des femmes et des enfants ainsi que le mentorat. Il peut ainsi y mettre à profit son expérience et son esprit créateur.

Sa soif de connaître et d’évoluer, elle, continue de trotter pour mieux englober la multitude de loisirs qui viennent meubler ses temps libres, aussi précieux que limités. Vous évoquez l’opéra; il vous parle de La Fenice à Venise ou de La Scala de Milan, où il a assisté à plusieurs représentations. Vous dites quelques mots sur l’art; il mentionne le travail du peintre Joan Miró et vous présente sa collection signée par l’artiste Romero Britto. Des oeuvres qui mélangent pop, cubisme et art urbain, et dont il apprécie les couleurs, la fraîcheur et l’optimisme. Vous abordez les questions d’architecture; il décrit le calcaire de l’Indiana et les efforts déployés pour respecter le style de construction du secteur de Montréal où se trouvent le siège social et la boutique phare, soit l’avenue Greene, à Westmount. Il peut aussi vous entretenir sur le jardinage et les arrangements floraux.


Ce sont toutefois l’art de recevoir et la gastronomie qui semblent stimuler tout particulièrement à la fois ses papilles et ses neurones. « Ma façon de relaxer peut ressembler à un labeur pour certains. En dehors du travail, j’aime recevoir, cuisiner, déguster des plats raffinés et des vins fins. Certaines de mes expériences de vacances préférées sont celles que j’ai vécues avec des chefs cuisiniers dans quelques-unes des plus belles villas de la Barbade et de la Jamaïque. Je garde le souvenir de merveilleux dîners officiels d’expériences culinaires caribéennes décontractées en plein air, avec des compositions florales impeccables, des vues mémorables et des convives à l’avenant. » Il prépare ces voyages soigneusement, allant jusqu’à établir les menus un ou deux mois avant son arrivée, signe que l’homme est à la fois gourmet et gourmand. Il apprécie aussi bien la cuisine méditerranéenne et française que les mets mexicains, bien qu’il avoue avoir un penchant pour les saveurs épicées. « C’est l’expérience qui compte et non le coût. Je n’ai pas besoin de beaucoup, mais je veux ce qu’il y a de mieux. »
La retraite ne sonnera jamais pour cet épicurien amoureux de la vie, qui continuera à parcourir le globe à la recherche de mondes de couleurs, de saveurs et de textures. Il reste tant de choses à faire, tant de choses à voir et tant de gens à rencontrer…
Photo de couverture : Leonard Gorski, fier Montréalais, Québécois et Canadien. Il est actif dans les conseils d’administration du secteur de la mode au Canada, au Québec, mais aussi ailleurs dans le monde.