Christian Louboutin at the Palais de la Porte Dorée Courtesy of Christian Louboutin copie

Christian Louboutin

Star des chausseurs depuis 1991, Christian Louboutin s’inspire de tout ce qu’il côtoie pour magnifier nos silhouettes de pied en cap.

Le temps d’un transit entre deux avions, Christian Louboutin nous a accordé une entrevue pour nous parler de lui, de son métier et de son entreprise. L’homme connu pour ses chaussures à semelle rouge ne pensait jamais qu’elles le mèneraient si loin. « Mon parcours peut être considéré comme atypique, c’est-à-dire quelque chose de très organique, un peu un accident. À la base, mon objectif n’était pas de devenir un personnage de mode. Je voulais simplement dessiner de jolis souliers pour les danseuses. »

L’iconique Pigalle, en cuir verni. Le nom fait référence au quartier parisien. © Jean-Vincent Simonet
Sotheby's
Design Louis George
À l’âge de 10 ans, Christian Louboutin a été inspiré par l’affiche du Palais de la Porte Dorée interdisant le port des talons aiguilles.

Parisien jusqu’au bout des ongles, Christian Louboutin a dessiné ses premiers stilettos à l’âge de 12 ans. Il passe son adolescence au Palace, club en vogue à l’époque, mais aussi à courir les spectacles de danseuses. La démarche, l’allure, la prestance de ces dernières le fascinent au point qu’il devient stagiaire aux Folies Bergère. Il est conscient du pouvoir de séduction de la chaussure et saisit tout aussi vite son apport à la silhouette. « La chaussure peut changer la façon dont une femme marche, la façon dont elle se déplace; elle allonge la jambe. La chaussure peut créer de la magie, de l’illusion, du désir, et ce sont toutes ces choses que j’aime. » De fil en aiguille, il effectue d’abord un stage chez Charles Jourdan, le fabricant de chaussures pour Dior, où il apprend son métier, puis chez Roger Vivier, créateur d’exception qui devient son mentor. Fatigué de dessiner des souliers pour les autres, il les délaisse le temps d’une pause pour devenir paysagiste et consacrer son talent aux jardins. Il renouera avec sa passion première à la suite d’une rencontre avec un antiquaire qui l’incite à ouvrir sa boutique initiale à l’angle de la Galerie Véro-Dodat. Ses cartons sont remplis de dessins et il tente sa chance. Elle lui sourit. Une journaliste qui écrit un article sur les nouvelles boutiques parisiennes visite la sienne alors que la princesse Caroline de Monaco lui achète des chaussures. « Elle a écrit un article dithyrambique qui a ramené tous les acheteurs américains. Mais je n’étais pas prêt, je n’avais pas de collection. » Il répond à la demande comme lui seul sait le faire avec un brin de baraka et une grande rapidité. « Les choses se sont passées de manière un peu organique. Ça a toujours été comme ça : je comprends les choses et ensuite, je m’organise. »

Créateur libre et instinctif, Christian Louboutin expérimente avec les formes et les couleurs. C’est ainsi qu’en 1992, il distingue les semelles de ses chaussures pour la première fois en y appliquant un vernis à ongles rouge vif et intense. « Cette couleur a quelque chose d’assez exceptionnel, explique Christian Louboutin. Même les gens qui n’aiment pas les couleurs aiment le rouge. Je pense que dans l’imaginaire général et dans beaucoup de cultures, le rouge est différent : il y a les couleurs et les non-couleurs, et entre elles, le rouge. C’est aussi la couleur du coeur, de la passion, de l’amour. Elle est liée à des choses primaires et essentielles. » Chez Christian Louboutin, l’inspiration peut aussi bien venir d’une bouteille de vernis posée sur le bureau d’une adjointe que de ses rencontres, de ses voyages, des anecdotes qu’il entend. « Je ne trace pas de frontières quand une chose me plaît. » Ainsi, la nature et les jardins, qu’ils soient délaissés ou manucurés, demeurent pour lui une source d’inspiration inépuisable. « Je ne me lasse pas de regarder les mariages de la nature. Dans les jardins, il n’y a pas que des couleurs, il y a des matières », mentionne-t-il.

Dessin des escarpins Pensée. © courtoisie de Christian Louboutin
Les Enfants Terribles
CV Concept
Design Louis George
Impact Distribution
THE EARLY YEARS ROOM - L'EXHIBITIONNISTE EXHIBITION copie (Custom)
C’est en expérimentant avec une bouteille de vernis à ongles que le chausseur a peint pour la première fois les semelles des escarpins Pensée. © Jean-Vincent Simonet

Si certains sont prêts à élever ses créations au rang d’oeuvres d’art, Christian Louboutin se considère comme un artisan. « Un artisan est un fabricant d’émotions. Dans le soulier, il y a un aspect arts décoratifs et un côté très émotionnel. Je me place tout à fait dans la catégorie des artisans. Je suis un fabricant de caractères », précise celui qui a fait son entrée au musée lors d’une exposition au Palais de la Porte Dorée, à Paris, en 2021. Cette exposition d’envergure a été présentée dans un format renouvelé à l’été 2022 au Grimaldi Forum Monaco. Christian Louboutin, L’Exhibition[niste], en plus de retracer les trente ans de carrière du chausseur, offrait une vision très personnelle de son travail et de ses collaborations. C’est en regardant le livre d’or avec un ami qu’il a saisi la portée de cette rétrospective. « Comme me faisait remarquer mon ami, en général quand on va voir une exposition, on ne remercie pas la personne. On ne dit pas merci Van Gogh ou Manet. Les gens ont compris le rapport très personnel et très humain que je voulais créer et qui engageait une conversation. Je me suis beaucoup engagé dans cette exposition et ils l’ont compris. »

Bien que les créations de Christian Louboutin aient fait école dès les premières heures, ce dernier était encore bien loin de se douter qu’il serait à la tête d’une maison de luxe indépendante avec des boutiques partout sur le globe. Celui qui a d’abord dessiné des souliers pour sa mère et ses trois soeurs a depuis multiplié les collaborations avec des artistes comme Dita Von Teese, Mika et David Lynch, travaillé avec des artisans au Bhoutan, au Sénégal et au Mexique, célébré Cendrillon et Star Wars avec Disney, créé une collection pour hommes en 2009 et offre depuis 2013 une gamme de produits de beauté aux écrins somptueux. Sa manière très organique et très spontanée de fonctionner l’a bien servi. « Évidemment, il y a des choses qui ont changé, souligne-t-il. J’ai un directeur général et un directeur financier. Mais à part ça, je n’ai pas changé mon mode de fonctionnement. Je pense au fond que ce qui est important pour moi, c’est de continuer à dessiner. »

christianlouboutin.com

Exhibition view Christian Louboutin L’Exhibitionniste, Palais de la Porte Dorée © Marc Domage (4) copie (Custom)
Alu Saumon, modèle en peau de saumon tannée et feuilles d’aluminium, 1986
Exhibition view Christian Louboutin L’Exhibitionniste, Palais de la Porte Dorée © Marc Domage (5) copie (Custom)
L’exposition Christian Louboutin, L’Exhibition(niste) permet d’explorer l’imaginaire du créateur.
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